Comédie noire venue d’Islande, Driving Mum marque le retour à la réalisation de Hilmar Oddsson, son dernier long métrage, December, datant de 2009. Un projet de road movie que le réalisateur avait en tête depuis 1994 et qui rejoint enfin l’abonnement UniversCiné, en exclusivité.
Une vieille voiture déglinguée, un chien sur le siège passager, un appareil photo, et sur la banquette arrière, le corps de sa défunte mère, maquillée et apprêtée pour son dernier voyage. Après avoir vécu toute sa vie dans la ferme familiale, Jon est enfin prêt à quitter sa maison et prendre la route à travers l’Islande...
Entre chemins de traverse et sens interdits, Driving Mum est un road movie étonnant, qui se plie à certains codes du genre pour mieux en casser d’autres. Inspiré autant par des auteurs comme Jim Jarmusch ou Aki Kaurismäki que par son défunt père, dramaturge et adepte du théâtre de l'absurde, Hilmar Oddsson livre un film où se mêlent mélancolie, humour cynique et scènes oniriques.
Driving Mum est bien moins un film sur la mort et le deuil que sur les émotions et les moments de vérité qu'ils font éclore, si l’on veut s’y confronter enfin. Hilmar Oddsson filme en réalité un voyage spirituel en noir et blanc, dans les paysages aussi immenses qu’accidentés d’Islande, comme un miroir de l’état mental d’un personnage qui ne s’est jamais autorisé à vivre pour lui-même.
C’est au décès de sa mère que Jon se met en mouvement, afin d’honorer sa promesse de l’enterrer dans son village natal, à l’autre bout de l’Islande. Il lui faut pour cela sortir de son immobilisme, représenté ici spatialement par la ferme isolée, figée dans le temps. Ici, le temps s’est littéralement arrêté : lui et sa mère n’écoutent que des émissions radio passées, enregistrées sur cassettes audio en tricotant.
Dès lors que le voyage commence, Hilmar Oddsson ne cesse de jouer sur les oppositions, les contretemps, mettant en regard l’immensité des paysages islandais et la vie étriquée de Jon, les dialogues de sourds, avec la défunte, avec un touriste étranger qui ne parle pas la même langue. Autant d’occasions pour Jon d’affronter les démons familiaux, les non-dits, les regrets et de régler ses comptes avec sa mère, avec son passé, et surtout, avec lui-même. Jusqu'à trouver sa liberté dans un endroit inattendu. Mais qu’importe si d’apparence la trajectoire du personnage reste inchangée : d’une réclusion à l’autre, Jon s’est trouvé en chemin.