GEORGE A. ROMERO
EN 10 FILMS

Inventeur du zombie moderne, figure de proue d’un cinéma politique et contestataire, George A. Romero, aura aussi influencé tout un pan du cinéma fantastique et de la culture populaire. Mais au-delà de sa propre saga “of the dead”, le réalisateur américain aura travaillé d’autres genres et archétypes (femme au foyer désespérée, vampire, soldats sanguinaires, citoyens devenus fous...) pour tendre un miroir à peine déformant à son pays. Retour en 10 films sur une filmographie aussi diverse qu’originale, et toujours faite en marge des grands studios et du système.



Avec un petit budget (114 000 dollars), George A. Romero pose les bases d’un sous-genre de l’horreur tout autant que d’un cinéma politique et contestataire avec ses personnages principaux issus des minorités, peu représentées dans des premiers rôles (un homme noir et une femme) et sa violence crue et réaliste. Le zombie moderne dans sa première apparition à l’écran vient ici symboliser le chaos de la société américaine, gangrénée par les conséquences de la guerre du Vietnam, le ségrégation et l’individualisme. 

There’s Always Vanilla (1971) 

Après le succès de La Nuit des morts-vivants, George A. Romero opère un virage à 180 degrés avec une comédie romantique et dramatique, There’s Always vanilla, qui dépeint une jeunesse désenchantée dans l’Amérique post-Vietnam. Un film à la production compliquée et au budget microscopique de 70 000 dollars, mais dont les thématiques rejoignent celles du Nouvel Hollywood : le défi aux autorités et le goût de la liberté.  

Season of the Witch (1972) 

Toujours dans une économie de moyen extrême (moins de 100 000 dollars), Romero continue à bricoler des films avec une équipe réduite à Pittsburgh où il réside, loin des studios et du système, refusant de capitaliser sur le succès de son premier film. Le cinéaste brosse ici le portrait d’une femme au foyer désespérée qui se tourne vers la sorcellerie comme porte de sortie de la monotonie d’une vie conformiste et aliénante. Un film féministe, passé inaperçu à sa sortie mais dont le culte s’est fait au fil des décennies.  

The Crazies : La Nuit des fous vivants (1973) 

The Crazies : La Nuit des fous vivants prolonge l’expérience de La Nuit des morts-vivants, en s’ouvrant sur un frère et une sœur qui jouent à sa faire peur. Mais cette fois, les humains victimes d’un virus contagieux ne se transforment pas en zombies mais en infectés. Un film qui passe (littéralement) au lance-flammes les institutions américaines et transgresse les tabous.  

Œuvre réputée perdue et exhumée grâce à la veuve du réalisateur, The Amusement Park transforme un film de commande pour une organisation religieuse en véritable pamphlet sur la bonne conscience de l’Amérique. Censé livrer un film de prévention sur la maltraitance des personnes âgées, Romero dépassa les attentes de ses commanditaires, qui n’exploitèrent pas le film, jugé trop choquant. 

Dix ans après La Nuit des morts-vivants, Romero ressuscite ses zombies. Déplaçant l’action dans un centre commercial, lieu emblématique de la consommation américaine des années 1970, le réalisateur file la métaphore du consommateur zélé aux pulsions mortifères. Un film financé avec l’aide de Dario Argento et présenté ici dans sa version européenne, montée par le réalisateur italien et bénéficiant de la musique du groupe Goblin.  

Creepshow (1982) 

Film à sketches, Creepshow est un hommage aux E.C. Comics, bandes dessinées américaines horrifiques très populaires auprès des ados dans les années 1950 et 1960. À partir d’un scénario signé par Stephen King (lui-même acteur dans l’un des segments), Romero retranscrit l’atmosphère macabre du matériau d’origine et ses couleurs vives dans cinq segments livrant un regard mordant et désabusé sur l’humanité.  

Le Jour des morts-vivants (1985)  

Nouveau retour des zombies et dernier volet de la trilogie originale de Romero, Le Jour des morts-vivants met en scène un nouveau groupe de survivants – cette fois dans un silo à missiles souterrain. Film claustrophobe et anxiogène, Le Jour des morts-vivants met en scène une évolution du zombie, dont un spécimen capable de ressentir et exprimer des émotions, est utilisé comme cobaye par une équipe de scientifiques, prouvant, comme souvent dans la filmographie de Romero, que le monstre n’est pas celui qu’on croit.  

Land of the Dead : le territoire des morts (2005) 

Le retour aux zombies marque également le retour aux affaires de Romero, après une longue traversée du désert (3 films médiocres en 15 ans : Deux Yeux Maléfiques, La Part des Ténèbres et Bruiser). Quatrième volet de la saga des zombies, Land of the Dead est une excellente synthèse de ce qui fait le cinéma de Romero : des morts-vivants (dont certains ont une conscience de classe), des militaires cyniques et une critique de l’impérialisme américain et de l’élite du pays totalement coupée des classes populaires.  

Avant-dernier film de Romero, Diary of the Dead : Chronique des morts-vivants réactualise une nouvelle fois le propos du réalisateur, qui livre ici une version méta du film de zombie, en utilisant la forme du faux documentaire. Le cinéaste multiplie les dispositifs vidéo (journal télévisé, vidéosurveillance, réseaux sociaux...) pour renforcer l’aspect réaliste et le suspense (panne de batterie de la caméra...), prouvant une fois de plus qu’il ne raconte jamais la même histoire.  

© Images tous droits réservés : La Nuit des morts-vivants, Zombie : Le Crépuscule des morts-vivants, Le Jour des morts-vivants : Solaris Distribution, There's Always Vanilla, Season of the Witch, The Crazies : Arrow Films, The Amusement Park : Potemkine Films, Creepshow : AM Films, Land of the dead : Le territoire des morts : Pan Européenne Edition, Diary of the Dead : Chronique des morts-vivants : Bac Films.

En ce moment