Horreur, malheur, c’est déjà la rentrée ! Les vacances sont terminées et voilà venu le moment de reprendre le chemin de l’école. Nombreux sont les cinéastes et scénaristes qui ont trouvé dans les salles de classe, les couloirs de lycées, les dortoirs de pensionnats et les campus universitaires un parfait terrain horrifique. Aliens, zombies, fantômes et autres tueurs hantent notre sélection de rentrée.
The Faculty (Robert Rodriguez, 1998)
Un véritable cauchemar de SF pour ados : et si le lycée était le point de départ des aliens pour envahir le monde ? Alors les heures de colle, les petits deals du fond du parking passeraient au second plan. C’est certainement l'idée de ces body snatchers, parasites qui ont besoin de boire énormément d’eau et d’un corps d’accueil pour survivre. Remake de L’Invasion des profanateurs de sépultures, The Faculty surfe sur la vague teen horror ressuscitée par Miramax et Scream. Le tout avec au casting toute la relève hollywoodienne de l’époque (Josh Hartnett, Elijah Wood avant Le Seigneur des Anneaux...) et un charme nineties toujours délicieux.
Class 1984 (Mark L. Lester, 1982)
Pourquoi croire que le calvaire serait unilatéral ? Non, les profs n’échappent pas à la règle : ils peuvent aussi souffrir pendant l’année scolaire. C’est le cas de ce jeune prof (Perry King), fraîchement débarqué au Abraham Lincoln High School et très vite confronté au gang qui sème la terreur dans le lycée (et pas seulement). S’en suivra une escalade de violence digne des Bronson les plus complaisants et sombres des années 1970. Une série B culte, diablement efficace, très marquée par l’esthétique des années 1980. Le lycée, c’est aussi un peu la guerre.
Battle Royale (Kinji Fukasaku, 2000)
A l’école, tout est question de survie. Prenant la métaphore au pied de la lettre, Fukasaku signe un pamphlet futuriste sur la répression de la jeunesse japonaise rebelle. Avec Kitano dans le rôle du professeur, 42 lycéens sont exilés sur une île avec armes et vivres. Une seule règle : il ne doit en rester qu’un, c’est ça la “battle royale”. Ou quand la compétition et le dépassement de soi est synonyme du naufrage d’une génération. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour gagner ?
Pique-nique à Hanging Rock (Peter Weir, 1975)
Gare aux sorties scolaires. Lorsque Peter Weir émerge à la fin des années 1960 en Australie, il filme l’un des plus beaux récits de sa carrière. Pique-nique à Hanging Rock décrit la disparition de trois lycéennes et de leur institutrice au cours d’une après-midi pourtant innocente. L’énigmatique évanouissement demeurera entier et Weir s’intéressera plus aux rouages mystico-érotiques de l’aventure qu’à ceux d’une enquête à strictement parler. Une fable intemporelle et solaire.
Grave (Julia Ducournau, 2016)
Après le lycée, vient le moment de l’émancipation dans le secondaire. Qui dit émancipation, dit parfois aussi révélation. C’est le parcours de Justine qui va se révéler à elle-même (jusqu’alors végétarienne, elle va être attirée par la chair) et découvrir que les garçons peuvent être appétissants, au sens littéral du terme. Pas évident de gérer sa nouvelle pulsion dans une école vétérinaire. Une véritable ode aux marginaux et aux films mutants qui a ouvert la voie à une nouvelle école de l’horreur au féminin en France.
Carrie (Brian de Palma, 1976)
L’enfer, c’est le lycée. Brian De Palma resserre le premier roman de Stephen King pour brosser le portrait d’une jeune fille en feu. Celui d’une adolescente (Sissy Spacek, grandiose) bridée par sa mère catholique fanatique et harcelée par ses camarades de classe. Dès l’ouverture dans les douches du gymnase, jusqu’au bal de promo lors duquel Carrie est couronnée de la plus cruelle des façons, De Palma met en scène un conte de Cendrillon perverti, dans le cadre du lycée comme micro-société. Un chef d'œuvre fondateur, aussi bien pour l’horreur que pour le teen movie, qui brasse les thématiques du harcèlement scolaire, du tabou des règles et du rapport au corps féminin.
Les Diaboliques (Henri-Georges Clouzot, 1955)
L’école, c’était mieux avant ? Rien n’est moins sûr. Moins une histoire d’enfants que d’adultes, Les Diaboliques met en scène Véra Clouzot et Simone Signoret, respectivement femme et maîtresse d’un directeur d’école tyrannique incarné par Paul Meurisse, qu’elles décident de faire disparaître. Henri-Georges Clouzot dépeint ici avec minutie la vie d’un pensionnat de garçons, les relations avec les élèves, les tensions au sein de l’équipe et des couples. En arrière-plan, les enfants sont les témoins innocents des intrigues et des bassesses des adultes, dans un film noir à la lisière du fantastique.
Scream 2 (Wes Craven, 1997)
Si le lycée est le décor parfait pour un slasher, le campus universitaire est sa suite logique. Un an après le succès de Scream, néo-slasher méta qui relança un genre tombé en désuétude, Wes Craven prend les mêmes et recommence. Toujours écrit par Kevin Williamson, Scream 2 déplace sur un campus les survivants des événements de Woodsboro (incarnés par le mythique trio Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette). Un nouveau tueur se cache sous le masque de Ghostface et traque à nouveau la final girl Sidney Prescott et ses amis dans tous les lieux habituellement sûrs de l’université : les sororités, les couloirs, les amphis jusqu’au théâtre du campus pour un final en apothéose…
Suspiria (Dario Argento, 1976)
Si l’école peut être effrayante la journée, elle s’avère terrifiante la nuit, au pensionnat. Premier volet de la trilogie des trois mères (avec Inferno et La Terza madre), Suspiria marque pour Dario Argento le passage du réalisme du giallo au fantastique. Sur une idée de son épouse et co-scénariste Daria Nicolodi qui l’initie aux sciences occultes, le réalisateur italien dirige ici une jeune Jessica Harper débarquant dans une école de danse bien particulière. Un conte gothique et psychédélique tourné en technicolor (un des derniers films à utiliser cette technique) et porté par la bande-son incontournable de Goblin.
L’Échine du diable (Guillermo del Toro, 2001)
Encore une histoire de pensionnat, en Espagne cette fois. Pendant la guerre civile, un jeune garçon est abandonné par son tuteur dans un établissement catholique pour orphelins qui renferme des secrets enfouis. Troisième long-métrage de Guillermo del Toro, L'Échine du diable est une œuvre poétique et mélancolique, qui concentre une partie des obsessions du réalisateur mexicain : l’enfance sacrifiée, les fantômes tragiques et les monstres, souvent humains. Véritable tournant dans la filmographie du réalisateur, L’Échine du diable fait office, par ses thématiques et son esthétique, de note d’intention de toute sa filmographie et préfigure déjà son chef d'œuvre, Le Labyrinthe de Pan.
Cooties (Jonathan Milott et Cary Murnion, 2014)
Si l’école est parfois un cauchemar pour les élèves, elle l’est aussi pour les profs. Surtout lorsque leurs chères têtes blondes, contaminées par un mystérieux virus, deviennent des créatures assoiffées de sang… Comédie horrifique entre Shaun of the dead et The Children, Cooties met en scène une équipe pédagogique dépassée, qui doit élaborer un plan pour fuir l’école et survivre. Avec un Elijah Wood (également producteur du film) en écrivain raté contraint de faire des remplacements et un Rainn Wilson méconnaissable en prof de sport, Cooties joue avec les codes de l’horreur pour livrer une comédie noire, grand guignolesque et cathartique.
Little Monsters (Abe Forsythe, 2019)
Autre comédie horrifique en milieu scolaire, Little Monsters place une institutrice (Lupita Nyong'o, actrice aux multiples récompenses, dont un Oscar, pour 12 Years a Slave) face à une invasion zombie qui éclate en pleine sortie éducative. À la manière du personnage de Roberto Benigni dans La Vie est belle, l'institutrice va tenter de protéger les enfants en leur faisant croire que tout cela n’est qu’un jeu… À grands coups de barres de fer ou de comptines accompagnées par son ukulélé. Une petite curiosité horrifique méconnue, passée par le Festival de Sundance.
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