Avec The Unknown Country, son premier long-métrage de fiction, Morrisa Maltz, également documentariste, revisite le genre du road movie en suivant le périple de son personnage Tana (Lily Gladstone, vue dans Killers of the Flower Moon, Certain Women...) à travers le Midwest américain. Dans la même veine naturaliste que Nomadland, The Unknown Country est un voyage à travers l’Amérique rurale, un moment de rencontres et d’instants d’intimité éphémères. Un film solaire et délicat, qui célèbre la banalité du quotidien, la beauté des paysages américains et des personnages qui les peuplent.
A l’occasion de la sortie de The Unknown Country, en exclusivité dans l’abonnement UniversCiné, retour en dix films sur nos road movies préférés.
Hit the road (Panah Panahi, 2021)
Panah Panahi s’empare du road movie et transcende les codes du cinéma iranien. Il y injecte un visage pop et coloré avec une énergie inépuisable vers un ailleurs fantasmé. L’espace de la voiture se transforme en catalyseur des relations familiales, tordues, pudiques et toujours mystérieuses. L’exil en ligne de mire. C’est le portrait d’une société tout entière qui se fera tout au long du périple.
Dead Man (Jim Jarmusch, 1995)
Dead Man fut un échec à peu près partout où il est sorti. Qualifié par la critique de western, selon Jarmusch il s’agit d’un road movie “initiatique”, empreint de la poésie qui affleure de toute son œuvre. Le voyage que ce “dead man” entreprend est un voyage dans une Amérique de mythes et de symboles : ses indiens, son Billy the Kid, l’âme errante d'un poète anglais. Tout un condensé de l’histoire des Etats-Unis, devant l’oeil amusé et affuté d’un réalisateur à son sommet.
Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991)
Road movie écrit par Callie Khouri – Oscar du Meilleur scénario 1992 –, Thelma et Louise met en scène Susan Sarandon et Geena Davis, inoubliables dans le rôle de deux femmes en cavale, leur décapotable lancée sur les routes poussiéreuses de l’Arkansas. Détournant les codes et inversant les genres, Thelma et Louise est un buddy movie au féminin dans lequel les femmes répondent par les armes à la violence masculine, déclenchant une vive polémique aux États-Unis à sa sortie. Un film pionnier et précurseur, qui n’a, hélas, rien perdu de la modernité de son propos.
Driving Mum (Hilmar Oddson, 2023)
Une vieille voiture déglinguée, un chien sur le siège passager et sur la banquette arrière, le corps de sa défunte mère, prête pour son dernier voyage... Entre chemins de traverse et sens interdits, Driving Mum est un road movie étonnant,qui se plie à certains codes du genre pour mieux en casser d’autres. Un voyage spirituel en noir et blanc à l’humour cynique, dans les paysages aussi immenses qu’accidentés d’Islande. La route devient alors un prétexte pour affronter démons familiaux, non-dits et regrets pour faire la paix avec soi-même, et avec le monde.
True Romance (Tony Scott, 1993)
Sur un scénario de Quentin Tarantino, sublimé par la mise en scène de Tony Scott, True Romance retrace la cavale d’un jeune couple en fuite avec une valise pleine de drogue, destinée à financer leur nouvelle vie. Au volant d’une Cadillac violette, les jeunes mariés traversent le pays, de Détroit à Hollywood, poursuivis par la police et la mafia. Entre thriller, road movie et romance, Tony Scott met en scène un conte de fées moderne et coloré, porté par son duo d’acteurs principaux Patricia Arquette et Christian Slater, secondés par un casting de seconds rôles exceptionnels (Gary Oldman, Dennis Hopper, James Gandolfini, Christopher Walken, Val Kilmer, Brad Pitt...)
Sur la route (Walter Salles, 2012)
Avec Francis Ford Coppola comme parrain, Walter Salles, cinéaste des grands voyages (Central do Brasil, Carnets de voyage) porte à l’écran Sur la route, l'œuvre autobiographique de Jack Kerouac, réputée inadaptable. Le film met en scène Sam Riley dans le rôle de Sal Paradise, alter ego de Jack Kerouac, lié d’amitié au couple sulfureux Dean et Marylou (Garrett Hedlund et Kristen Stewart). Le trio à l’intense envie de vivre, d’aimer, de faire des rencontres parcourt les espaces américains dans un road trip intense et sauvage où se mêlent travaux des champs, jazz, sexe, littérature et écriture.
Nebraska (Alexander Payne, 2013)
Paris, Texas (Wim Wender, 1983)
Le pull rose de Nastassja Kinski n’est pas la seule icône de cinéma inventée dans Paris, Texas, la (grande) Palme d’Or de Wim Wenders. Le réalisateur revient à l’essence même de ce qu’est le road movie : ici un homme seul qui déambule dans le désert texan en quête de son identité. Un film de route, un film d’images, puissantes, avec un certain regard sur l’Amérique à la lisière de la fascination et des obsessions de Wenders pour l’exil et le temps qui passe. Eternellement.
Le Salaire de la peur (Henri-Georges Clouzot, 1951)
Road movie d’un autre genre, Le Salaire de la peur met en scène quatre aventuriers chargés de convoyer deux camions chargés de nitroglycérine sur les routes escarpées d’Amérique centrale, en échange d’une importante somme d’argent. En 1952, Henri-Georges Clouzot adapte le roman éponyme de Georges Arnaud et signe un véritable film d’aventure noir et cruel, qui lui vaudra une renommée internationale (Palme d’Or et Ours d’Or 1953) et inspirera le cinéma américain, du Convoi de la peur de William Friedkin à There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson.
Une Histoire vraie (David Lynch, 1999)
Une Histoire vraie est l'œuvre de David Lynch la plus ancrée dans la réalité, son titre ne faisant aucun mystère. Narrant la traversée sur deux états d’un homme voyageant sur sa tondeuse autoportée afin de rendre visite à son frère malade, avec lequel il s’est brouillé dix ans plus tôt, le huitième long métrage de David Lynch condense toute l’humanité du metteur en scène. Un film bouleversant, un angle rare sur la poésie du cinéaste, derrière les illusions du magicien.