Les sorties consécutives de Napoléon l’an passé et de Gladiator 2 le 13 novembre nous rappellent à quel point Ridley Scott a toujours soigné ses comebacks. Alternant dans ces dernières années films mineurs et petites claques dont il a le secret, le réalisateur a su conserver son éternelle jeunesse. A l'occasion de l'arrivée de Thelma & Louise dans l'abonnement, retour en 5 temps forts sur une carrière hors norme, ponctuée d’éclairs visionnaires.
Résurrection d’un genre disparu, Gladiator redonne en 2001 ses lettres de noblesse au péplum tout en remettant Ridley Scott sur le devant de la scène après quelques loupés. A travers le récit de vengeance d’un ancien général déchu de l’armée romaine, le réalisateur crée deux icônes : Commode, incarné par un Joaquin Phoenix habité et Maximus, inoubliable Russell Crowe dans son plus rôle le plus marquant. Mené tambour battant, avec son lot de bravoure et de batailles épiques, Gladiator est un pilier de la représentation de la Rome Antique dans ses plus vils atours et une œuvre visuellement et techniquement grandiose. S’en suivra une “nouvelle vague” de productions américaines inscrites dans le genre : Le choc des Titans, Centurion, Troie, 300, L’Aigle de la Neuvième Légion... Aucune n’aura la superbe du péplum 2.0 ultime qu’est Gladiator.
Dernier grand rôle en date pour Russell Crowe, American Gangster a tout du récit 70s dépassé… Et pourtant, Ridley Scott signe là son meilleur polar et la confrontation flic/gangster (Denzel Washington dans un rôle sur mesure) rappelle celle du Heat de Michael Mann. En jouant avec les codes pour mieux brouiller les pistes, le cinéaste crée donc une nouvelle variation sur l’ascension et la déchéance d’un criminel au sein d’un New York crasseux. Avec une esthétique nerveuse et sèche, une nouvelle mythologie se met en place, regardant dans les yeux celle de ses illustres ainés.
L’échappée belle de Ridley Scott est un road movie au féminin, prompt à inverser les codes. Thelma et Louise n’y ont qu’une seule issue pour échapper au joug patriarcal. Ce sera l’inoubliable plan d’ouverture et de clôture du récit, un saut dans le vide au sens propre comme au figuré. Le réalisateur signe un nécessaire constat d’alarme face à une société qui a du mal à grandir. Hollywood aussi. Au-delà du film, l’aura persiste. Il y aura un avant et un après, notamment grâce aux éternels visages de cette émancipation dans un pays qui freine des quatre fers : ce seront ceux de Susan et Geena, à jamais Thelma et Louise.
2. ALIEN, le 8ème passager
Alien, premier du nom est une étape dans la terreur tout en ouvrant la porte d’un nouveau genre de cinéma, inspiré de loin par une série B de Mario Bava (La planète des Vampires) et une autre de John Carpenter (Dark Star). Rien que ça. Le mal a un nouveau visage, une véritable œuvre d’art biomécanique produite par l’imaginaire de H.R. Giger. Revoir Alien aujourd’hui c’est redécouvrir à quel point le second film de Ridley Scott est avant-gardiste et matriciel. C’est aussi ressentir à nouveau l’effroi total de ce long requiem.
Le parcours du combattant que fut le projet Blade Runner pouvait aboutir à deux conclusions : un film raté dans les grandes largeurs ou une ode éternelle et poétique à la SF. Le résultat sera celui que l’on connaît. Et même si à sa sortie en 1982, le film est un échec, il n’en sera pas moins le plus bel ouvrage de sieur Scott. Du roman initial de 1966 écrit par le sombre Philip K. Dick, le scénariste Hampton Fancher et Ridley Scott créent un amalgame inédit de film noir et de cyberpunk à la beauté visuelle toujours aussi merveilleuse. Une pierre angulaire du cinéma fantastique.
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