Holy Motors

On commence avec un personnage bien défini, un homme d'affaires tout-puissant, mais ensuite il devient une autre, puis un autre, et sans fin, alors que sa limousine tourne en round à travers Paris: road movie bizarre, jeux de rôles déconcertants, séquences délirantes et présence magistrale de Denis Lavant. Un film étrange et beau, plein de références et d'idées, allégorie désabusée, inquiète mais poétique et vibrante du métier d'acteur dans un monde où le cinéma peine à trouver sa place. 

Un choc poétique, une hallucination éveillée, j'ai eu l'impression d'avoir fait un rêve enchanteur. Revu 3 fois en 48h de location pour vérifier la réalité de cet enchantement. L'impression de plonger dans un univers inédit et multiple, qui laisse place au monde du spectateur qui par son regard, fait la moitié du film. En parlant de lui et du cinéma, Carax parle de moi et il me parle. C'est une rencontre incroyable. Denis Lavant, ses artifices, ses visages, ses vies multiples, la puissance de son engagement, crève littéralement l'écran. J'ai revu Les Enfants du paradis sur grand écran il y a peu, et j'ai trouvé qu'Holy Motors prolonge merveilleusement les thématiques abordées par Carné, sur les (dis)continuités entre fiction et réalité, la vie et la scène, l'authenticité et le jeu. Un film fascinant et hypnotique. 

(je suis d'accord avec Bruno Cinoche, aucun rapport entre Amour et Holy Motors...!). J'ai eu un choc en voyant ce film. Un choc total, émotionnel, intellectuel, esthétique, philosophique. C'est beau, c'est audacieux, c'est du plaisir pendant le film et beaucoup de réflexion après, pour qui accepte de se laisser porter, sans chercher dans les cinq premières minutes à avoir saisi le pourquoi du comment. 

Il y a longtemps que je navais vu un film aussi audacieux et aussi étonnnant. Bourré de références cinématographiques, cet OVNI du cinéma est un superbe hommage au cinéma magnifiquement filmé. Et Denis Lavant est énorme. Opposé Carax à Haneke est idiot, leurs univers sont si différents, ce sont 2 artistes essentiels du paysage cinématographique actuel. 

Comment peut-on aimer un cinéma aussi creux, aussi vieillot, aussi snob. Seule la volonté de faire genre, et de ne pas se rallier à l'évidence d'Amour, de Hannecke, peuvent expliquer les critiques favorables au film.